La douleur est une expérience difficile à supporter, et il est normal pour tout être humain de vouloir qu’elle disparaisse au plus vite. Quand elle devient invalidante et/ou qu’elle persiste, beaucoup de gens se penchent vers des solutions plus « invasives » comme les injections de cortisone, espérant un soulagement suffisant pour reprendre leurs activités. Malgré leur utilisation très commune dans le monde de la médecine orthopédique, les injections de cortisone comprennent des risques non négligeables qui pourraient être plus importants que le soulagement, souvent temporaire, qu’elles peuvent apporter. Ce texte vous donnera des pistes pour mieux décider si cette option est adaptée pour soulager une douleur musculosquelettique persistante.
Les injections de cortisone sont-elles vraiment efficaces ?
Les injections de corticostéroïdes, que vous connaissez sûrement mieux sous le nom de « cortisone » procurent, parfois à certains patients, un soulagement à court terme, mais elles ne guérissent pas la source de la douleur. Bien qu’elles puissent avoir leur place et représenter une solution appropriée pour certains patients qui ne répondent pas à un plan de réadaptation plus conservateur, les injections de cortisone ne devraient pas être considérées comme une solution « magique » pour traiter les douleurs musculosquelettiques communes comme l’arthrose et les tendinopathies et/ou bursopathie (anciennement tendinites et bursites), même si elles peuvent en effet apporter un soulagement temporaire considérable très apprécié de certains patients qui en ont marre d’avoir mal. En effet, les lignes directrices du « National Institute for Health and Care Excellence » (NICE) recommandent d’envisager les injections de corticostéroïde en complément à des exercices thérapeutiques (si inefficaces à eux seuls) ou seulement lorsque les autres traitements pharmacologiques sont inefficaces ou inadaptés. Ce même guide souligne également que l’effet de ces injections est de courte durée, allant de 2 à 10 semaines. D’ailleurs, une méta-analyse récente (revue de littérature scientifique rigoureuse) a montré que pour les personnes souffrant de douleurs associées à une tendinopathie de la coiffe des rotateurs (tendinite de l’épaule), il n’y a pas de différence significative sur le niveau de douleur entre les patients ayant reçu une injection et ceux ayant reçu un placebo, trois mois après l’injection. Cette même étude souligne que seulement un patient sur cinq avec une « tendinite » de l’épaule ressentait un léger soulagement transitoire de sa douleur. En d’autres mots, il faudrait traiter cinq patients pour qu’un seul obtienne un léger soulagement temporaire.
Il faut donc garder en tête qu’une approche conservatrice en réadaptation d’au moins 6-12 semaines demeure l’approche à privilégier avant d’envisager l’injection de cortisone. De plus, si l’injection est intégrée au plan de traitement, alors il est fortement recommandé de poursuivre la réadaptation avec votre chiropraticien ou physiothérapeute, afin de prévenir les pertes fonctionnelles sur le long terme.
Est-ce risqué de recevoir une injection de cortisone?
Les risques sont un élément important à considérer si vous envisagez d’opter pour un traitement d’injection de corticostéroïdes. En effet, une étude récente a montré que les injections répétées de corticostéroïdes auraient le potentiel d’accélérer la progression de l’arthrose et provoquer une «destruction» rapide des articulations, une perte osseuse et une fragilisation de l’os se trouvant sous le cartilage. Une autre étude publiée en 2017 a montré que des injections de corticostéroïdes administrés tous les trois mois pendant deux ans ont entraîné une perte significative du volume de cartilage (surface à l’extrémité de l’os qui assure le bon fonctionnement de l’articulation) sans réduire la douleur au genou chez les personnes souffrant d’arthrose du genou.
Ainsi, lorsqu’on choisit un traitement d’injection de cortisone, il y a un risque de créer un cercle vicieux qui pourrait accélérer le processus de « dégénérescence » de vos articulations et des tissus environnants (ligaments, tendons) et donc, potentiellement accélérer la perte de fonction de ceux-ci. Le soulagement temporaire apporté pourrait donc augmenter vos risques d’avoir plus de douleurs une fois que l’effet anti-inflammatoire de quelques semaines/mois s’est estompé. C’est ce phénomène (cercle vicieux) qui pousse souvent les patients à recevoir des injections plusieurs fois par année afin de gérer la douleur qui finit par revenir.
Une exception : la capsulite adhésive de l’épaule (a.k.a épaule raide ou frozen shoulder)
Une des seules conditions musculosquelettiques pour laquelle l’injection de cortisone est une approche thérapeutique recommandée comme traitement à privilégier est la capsulite adhésive de l’épaule. En effet, le consensus scientifique actuel souligne que les bénéfices de l’injection de corticostéroïdes dans la phase initiale « chimique » (phase très douloureuse) d’une capsulite de l’épaule surpasseraient les risques associés à l’injection. Cependant, un diagnostic précis est nécessaire pour éviter de confondre cette condition avec d’autres, comme la tendinopathie de l’épaule ou une crise d’arthrose, pour lesquelles les injections ne sont pas recommandées en première ligne. Chez les patients souffrant d’une capsulite de l’épaule, l’injection est généralement plus efficace si elle est délivrée dans les premières semaines suivant l’apparition des symptômes douloureux de la capsulite. Si vous avez entre 40 et 60 ans, avec des douleurs intenses à l’épaule qui nuisent au sommeil, il est fortement recommandé de consulter rapidement un professionnel comme un chiropraticien ou un physiothérapeute, afin de clarifier le diagnostic et déterminer si une injection serait bénéfique pour vous.
En résumé
L’objectif de ce texte n’est en aucun cas de vous faire peur ou bien d’avancer que les injections de cortisone ne devraient jamais être utilisées. L’objectif est plutôt de vous aider à mieux comprendre les avantages et les limites de ce traitement afin de prendre des décisions plus éclairées qui vous aideront à atteindre des résultats plus durables pour votre santé. Les injections de cortisone peuvent être appropriées pour certaines personnes, mais ne représentent qu’une solution de soulagement à court terme qui implique des risques pour la santé de vos articulations et tissus mous sur le plus long terme pour la majorité des conditions musculosquelettiques douloureuses. Ces injections ne devraient donc pas être utilisées comme première option de traitement, sauf exception pour la capsulite adhésive de l’épaule en phase chimique douloureuse. Elles devraient être utilisées en complément avec des stratégies de gestion à long terme, comme les exercices de renforcement et la modification des habitudes de vie (ex. activité physique, alimentation anti-inflammatoire, gestion du stress, sommeil, arrêt tabagique, etc.).
Si vous êtes aux prises avec une douleur musculosquelettique d’apparition récente ou qui semble persister, mon meilleur conseil serait de consulter un professionnel dans le diagnostic, le traitement et la réadaptation musculosquelettique comme un de nos chiropraticien ou physiothérapeute afin qu’il puisse vous conseiller adéquatement et établir un plan de match qui s’arrime avec VOS objectifs de santé.
Note importante (disclaimer) : Ce blog est à visée éducative seulement, et ne vise en aucun cas à remplacer les conseils personnalisés de votre médecin ou autre professionnel de la santé qualifié qui a pris connaissance et évalué votre situation.
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Références
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Dr Charles Bélanger
Chiropraticien